Comment décririez-vous la relation qui vous unit à la personne dont vous prenez soin? Vous considérez-vous, l’un et l’autre, investit dans une relation heureuse et saine? À quoi ressemblent vos prises de bec? Déclenchez-vous une tornade lorsqu’un problème pointe à l’horizon, ou prenez-vous plutôt le temps, dans le calme et le respect, de partager vos émotions pour trouver la meilleure solution pour vous deux? Si vous êtes du second groupe, vous pouvez abandonner cet article et lancer votre propre blogue de conseils relationnels! Par contre, si la première description vous correspond davantage, veuillez prendre la peine de poursuivre votre lecture!
Quels sont les ingrédients du succès et de l’échec dans une relation? Vous pensez sans doute que la réponse réside dans la fréquence et l’intensité de vos disputes. Le Dr John Gottman est un chercheur, un psychologue clinicien et un expert en relations. Il a découvert que le conflit n’est pas le principal facteur de réussite (ou d’échec) d’une relation. C’est plutôt la façon de gérer le conflit qui est déterminante. En d’autres mots, le nombre de querelles importe moins que la manière de se disputer.
Bien que les recherches de Dr Gottman portent spécifiquement sur les couples, y compris les couples homosexuels, on peut facilement trouver ces tendances de comportement dans d’autres types de relations. Il s’agit de la façon de se comporter et de discuter quand une difficulté surgit ou qu’un différend se présente.
Dr Gottman est très clair sur un point : le conflit est naturel et normal dans une relation. Il mentionne aussi qu’on ne peut pas toujours résoudre un conflit. Cela s’explique par le fait que chaque personne est dotée d’une personnalité et de valeurs différentes. Néanmoins, nous pouvons apprendre à gérer les conflits. Dr Gottman a cerné quatre styles ou schémas de communication qui peuvent anéantir une relation. Littéralement. Ceux-ci peuvent entraîner des dommages irréparables et sonner le glas d’une relation. C’est pourquoi il les appelle les « quatre cavaliers de l’apocalypse ».
Étant donné qu’aucun d’entre nous n’est un saint en matière de relation (à moins que vous ne soyez l’exception et ayez l’auréole pour le prouver!), il est possible que vous ne vous soyez pas toujours présenté sous votre meilleur jour au cours d’une dispute. Nous nous sentons tous, à un moment où à un autre, blessés, frustrés ou fâchés, et il nous arrive tous de vouloir faire connaître notre mécontentement, de peiner autrui ou de fuir nos problèmes. La plupart d’entre nous, à un moment ou à un autre (ou à répétition), nous sommes campés sur nos positions et avons refusé de nous excuser pour notre comportement (toxique) ou de pardonner la personne qui nous a déçus, exclus ou blessés par ses paroles*. La véritable question est la suivante : s’agit-il d’une tendance, vos querelles suivent-elles ce modèle? Répétez-vous encore et encore les mêmes disputes sans jamais trouver de solution au conflit?
Dans la plupart des relations, on aurait avantage à déceler les signes avant-coureurs de l’arrivée d’un ou des quatre « cavaliers » susmentionnés. Il n’est toutefois pas suffisant d’être simplement à l’affût. Il faut aussi s’engager à agir à l’avenir avec ce que Dr Gottman appelle « les antidotes et les tentatives de réparation ». Ces antidotes et tentatives de réparation constituent non seulement une méthode de communication efficace de ses sentiments et de ses besoins, mais aussi un moyen d’éviter l’aggravation d’un conflit. Et ce n’est pas tout! Il est strictement interdit de jeter le blâme sur l’autre. C’est-à-dire que chacun de vous doit assumer la responsabilité des antidotes et des tentatives de réparation, que vous soyez l’initiateur de la dispute ou celui qui en fait les frais! Bien que dans une situation idéale chacun s’engage à assumer cette responsabilité, vous ne pouvez forcer la main de l’autre personne. À tout le moins, vous pouvez vous concentrer sur les changements que vous êtes prêt à apporter pour façonner et favoriser une saine communication.
Vous devez trépigner d’impatience à l’idée de prendre connaissance des facteurs d’échec d’une relation, des antidotes et des tentatives de réparation, n’est-ce pas? Les voici :
Facteurs d’échec de la communication | Antidotes et tentatives de réparation |
Critique : lorsque vous imputez, par sous-entendu ou affirmation directe, à votre partenaire un défaut de caractère ou de personnalité. Exemple : « Tu fais toujours…, Tu ne fais jamais…, Tu es parfaitement égoïste. Tu ne penses jamais aux autres. Tu ne penses qu’à toi. » | Formulez votre mécontentement quant à un comportement en particulier, exprimez-vous à la première personne (« je ») et faites part d’un besoin raisonnable, plaignez-vous sans blâmer, ou transformez une doléance en demande (n’oubliez pas que les demandes ne sont pas des exigences!). Exemple : « Je me sens exclu et seul. Peut-on parler de ma journée? » |
Attitude défensive : lorsque vous tentez de vous protéger ou de clamer votre innocence (cela peut prendre la forme d’une contre-attaque, d’une indignation vertueuse ou de pleurnicheries). Exemple : « As-tu appelé l’école pour déterminer la date l’entretien parents-professeurs? » Réponse défensive : « Non, et tu sais que je ne l’aurais pas fait. Pourquoi n’as-tu pas appelé toi-même plutôt que m’en vouloir? » Dr Gottman décrit l’attitude défensive comme une façon détournée de jeter le blâme. | Il faut accepter sa part de responsabilité, même si ce n’est que pour une petite partie du problème. Cherchez des moyens de valider la plainte de l’autre (ce que Dr Gottman appelle le « 2 % de vérité »). Exemple : « Non, je ne l’ai pas fait. Je suis désolé. J’ai du mal à faire ce genre de chose. J’aurais dû te demander de le faire quand nous en avons parlé la première fois. Je vais appeler tout de suite et laisser un message. » |
Mépris* : lorsque vous abaissez quelqu’un en utilisant le sarcasme, le ridicule ou les singeries. Exemple : « Tu es fatigué. Vraiment? Tu as passé toute la journée à jouer à tes jeux vidéo ridicules. Quel âge as-tu? 10 ans? » * Le mépris, selon les recherches de Dr Gottman, est le plus important signe avant-coureur d’un divorce ou d’une rupture. | Décrivez vos propres sentiments et besoins (pas ceux de l’autre personne) et créez une atmosphère de respect et de reconnaissance (le respect est offert et non mérité). Exemple : « Je suis fatigué moi aussi. Je réalise que tu as eu une mauvaise journée, mais tu as malgré tout réussi à te tirer du lit. Je vois que tu fais un effort. » |
Repli sur soi : lorsque nous nous retirons émotionnellement d’une interaction et que nous nous fermons à l’autre tout en restant physiquement dans la même pièce. La « submersion émotionnelle » précède souvent le repli sur soi. La submersion dans le contexte d’un conflit relationnel est caractérisée par une accélération du rythme cardiaque jusqu’à 80 à 100 battements par minute, ce qui signifie que vous ne pouvez plus traiter l’information (on passe en mode confrontation, fuite ou arrêt complet). | Il faut savoir s’apaiser pour poursuivre l’interaction. Comment s’apaiser? Arrêtez la discussion. Demandez un temps d’arrêt. Informez votre partenaire que vous avez besoin d’une pause. Le « redémarrage » de votre corps prend au moins 20 minutes. |
Bien que cela puisse paraître déconcertant, Dr Gottman mentionne que si nous combattons notre envie irrépressible de critiquer, nous pouvons tenir les trois autres comportements à distance (attitude défensive, mépris et repli sur soi). Il pourrait s’agir d’un bon point d’ancrage pour lancer votre mission d’amélioration de votre relation. En fait, les résultats de plus de 40 années de recherche de Dr Gottman révèlent que des petits changements font souvent la différence à long terme. Ouf! Il y a de l’espoir pour nous tous!
Certaines personnes préféreront consulter un thérapeute pour améliorer la dynamique de leur relation et favoriser la communication. Il peut être très intéressant de solliciter les conseils d’un tiers dont le seul intérêt est de contribuer à votre bonheur et à votre bonne santé. N’hésitez pas à consulter le site Web de Dr Gottman pour approfondir votre compréhension des ingrédients d’une relation saine. On y trouve aussi des outils très utiles pour les parents.
* Ceci diffère de la relation abusive où un des partenaires n’est pas en sécurité ou ne sent pas qu’il peut s’exprimer librement en toute sécurité, et où derrière un des comportements se cache l’intention d’abaisser l’autre personne pour la dominer. Référez-vous à l’article Les relations de violence pour obtenir de plus amples renseignements au sujet des relations abusives.